La chenille parle, encore et toujours, elle dit :
"J'ai les démons qui palpitent à l'intérieur de la poitrine, un peu comme un feu-follet. J'ai le coeur au bord des lèvres. Il est très gros, il va jusqu'à la gorge. Plus de place pour le passage des aliments, plus d'appétit. J'abîme les lèvres, pour atteindre ce coeur si encombrant? Je me balade avec ce truc qui s'agite, en moi. Partout, toujours. Et le voile de tristesse dans les yeux, jamais loin.
Alors la nuit, dans l'appartement endormi, je vais dans la cuisine et je joue avec les carreaux du carrelage. Je ne touche pas les lignes, je fais le tour de la table et je longe le canapé, je fais demi-tour et je recommence.
Vite, le fauteuil du lundi.
En attendant, j'appelle les familières, les unes après les autres. Elles me font du bien. A elles je peux dire la honte, la tristesse, la colère. Le souffle qui n's'en va pas. Et l'envie de me rouler en boule, un peu comme de la réglisse tu vois? Et mon thorax serait au centre du rouleau."